En démocrate, je m’insurge … ! 7 juin 2024

En démocrate, je m’insurge … !

Par Eliane Tillieux

L'extrême droite n'a pas bougé sa ligne de conduite. Elle propage toujours les mêmes clichés et les mêmes recettes mais force est de constater que certains ont convergé vers elle par une normalisation de ses idées et ils contribuent ainsi à leur propagation.

Je m’insurge contre ces idées d’extrême droite qui déteignent sur la droite partout en Europe, et la Belgique ne fait pas exception. Un positionnement de plus en plus clivant et des propos simplistes ont pour effet d’alimenter les préjugés et les peurs et de contribuer à la polarisation sociale et politique en érigeant des barrières entre des pans entiers de la société, par exemple entre les travailleurs et les demandeurs d’emploi, entre les nationaux et les étrangers. Ceci aboutit à diviser dramatiquement notre société.

L’exemple de la thèse de l’appel d’air pour les migrants est frappant. Selon cette thèse, dont l’auteur n’est autre que le président français du Front national dans les années 1980, la « générosité » des politiques sociales et économiques d'un pays agirait comme un aimant attirant un grand nombre de migrants vers ce pays. Cette thèse, bien qu’aussi fausse que dangereuse, alimente des stéréotypes qui justifient des politiques anti-immigration de plus en plus sévères et injustes. Si il est indispensable de mener une politique migratoire, elle ne peut se fonder sur de telles affirmations non fondées.

Les propos clivants et simplistes renforcent la polarisation en présentant les adversaires politiques comme des ennemis illégitimes. Or, les extrémismes fondent leur discours sur le fait que le pouvoir leur a été confisqué par un groupe illégitime qui n'appartient pas vraiment à la communauté des citoyens. Des recherches récentes montrent que cette polarisation gagne du terrain au-delà de quelques groupes extrémistes. Les citoyens perçoivent de plus en plus l'adversaire politique comme fondamentalement différent et illégitime, ce qui alimente la méfiance voire la haine et sape le socle de valeurs communes nécessaire à une démocratie saine.

Les propos clivants et simplistes contribuent aussi à l'érosion graduelle de l'attachement aux normes démocratiques et alimentent la méfiance croissante de la population à l’égard des hommes et des femmes qui s’investissent en politique. En sapant l'attachement aux normes démocratiques, ce sont les fondements mêmes de notre démocratie qui sont mis en péril.

Les propos clivants et simplistes se nourrissent de lieux communs, de stéréotypes et de clichés véhiculés dans la population et plutôt que de les déconstruire, ils s’en trouvent renforcés.

Les signes visibles de ce retour de l'extrême droite sont nombreux et alarmants. Un récent rapport du Conseil européen pour les relations internationales a fait le point sur les sondages en vue des élections européennes. Les partis d'extrême droite, s'ils s'unissent, pourraient devenir la troisième force politique de l'Union. Ces partis arrivent en tête des sondages dans neuf États membres. En Allemagne, des réunions avec des dirigeants du parti AfD ont discuté de plans concrets de renvoi de millions de migrants installés légalement. En Italie, des militants post-fascistes ont défilé en faisant le salut fasciste.

Ces événements ne sont que la partie visible de l'iceberg. La normalisation de l'extrême droite et de ses idées, la polarisation sociale et politique croissante, et l'érosion des normes démocratiques sont des évolutions insidieuses et dangereuses. Ces changements sous la surface marquent une transformation culturelle lente et insidieuse qui témoignent d'un retour de l'extrême droite dans nos sociétés.

Pour contrer ces dérives, il est impératif de suivre l'exemple récent de l'Allemagne où des manifestations de masse ont fait reculer l'extrême droite. Il est crucial d'agir massivement sur l'éducation des jeunes pour les sensibiliser aux dangers de l'extrême droite et les faire pratiquer la démocratie. Enfin, la lutte contre les stéréotypes et la promotion de la diversité sociale dans les écoles et les lieux de vie sont essentielles pour faire reculer les idées d’extrême droite.

J'appelle à une action collective pour défendre la solidarité et la démocratie. Mobilisons-nous contre les discours de haine et de division. Exigeons des débats qui élèvent le niveau du discours public, traitent des vrais problèmes avec des solutions concrètes et respectent la dignité de chaque individu.

Non, la fin ne justifie pas les moyens ! On ne transige pas avec les valeurs de notre démocratie. La quête du pouvoir au moyen de propos clivants et simplistes ne peut pas se faire au prix de l'intégrité et des principes démocratiques. Les actions qui sapent les fondements de notre société démocratique, même si elles promettent des résultats immédiats, sont inacceptables. Le respect de l'État de droit, l'indépendance de la justice, et la liberté d'association ne sont pas des concessions mais des impératifs.

Au PS, nous nous lèverons toujours contre toutes celles et tous ceux qui succombent à la démagogie plutôt que de pratiquer la pédagogie et qui divisent plutôt que d’unir !

La solidarité et la démocratie sont le cœur battant de notre société. Ensemble, défendons-les avec vigueur et détermination.

Eliane Tillieux, candidate PS tête de liste aux élections régionales pour l’arrondissement de Namur