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Traditionnel hommage à François Bovesse 6 février 2023

Le dimanche 5 février était le jour du traditionnel hommage à François Bovesse, devant son ancien domicile de la rue Cardinal Mercier à Namur, assassiné le 1er février 1944 par deux militants rexistes. François Bovesse est aussi le fondateur du Comité central de Wallonie en 1923.

Cette cérémonie a donné le "coup d'envoi" du centenaire des Fêtes de Wallonie !

Félicitations au Comité Central de Wallonie et à Christophe Dubois pour l'organisation de cette commémoration.

Pascal Deman
y a interprêté " La bête immonde" de Michel Fugain et "Le temps des cerises”. Nathalie Tireur a prononcé le discours ci-après. 

Allocution d’hommage à François BOVESSE par Nathalie Tireur, historienne
Namur, 5 février 2023

Mesdames et Messieurs,

C’est un honneur, pour moi, en tant qu’Historienne, en tant que Namuroise et en tant que Wallonne de prendre la parole, devant vous, ce jour, pour rendre hommage à François Bovesse.  

Politicien engagé, fidèle à ses convictions et à ses valeurs démocratiques et civiques, résistant à l’oppression, il fut un Namurois exemplaire, attaché à sa ville natale  et à notre Province. En outre, il fut également un ardent défenseur de l’Identité wallonne.

Cet homme remarquable fut lâchement assassiné, en cet endroit, le 1er février 1944 pour son action, ses prises de position et son engagement démocratique.
Il ne fut pas le seul à connaître ce sort mais son exemple et son modèle illustrent la cause défendue par tous les ardents défenseurs de la liberté face aux divers extrémismes et à leurs dérives totalitaires.

Rendre hommage à François Bovesse, comme à toute figure de l’Histoire, c’est évoquer des combats dans un contexte historique particulier. C’est évoquer des situations conjoncturelles économique, sociale et politique contextualisées récurrentes.

C’est tout simplement faire œuvre de devoir de Mémoire dans une époque contemporaine tentée de répondre à l’appel de l’extrémisme.
C’est également établir des comparaisons dans des similitudes d’événements, jeter des ponts et nuancer les situations.

François Bovesse naît à Namur, le 10 juin 1890 ; il participera au Premier Conflit Mondial. Démobilisé, jeune avocat du Barreau de Namur, il va connaître la montée de l’extrémisme et en sera une victime. Engagé activement  en politique au sein du parti libéral, il exercera différents mandats politiques importants durant l’entre-deux-guerres. De conseiller communal dans sa ville natale à Ministre à l’échelle nationale, François Bovesse défendra des valeurs civiques et démocratiques.

Excellent orateur, amoureux des Lettres, il militera pour la cause wallonne et créera, à Namur, en 1923, un Comité chargé d’organiser les Fêtes de Wallonie. Sensible à la culture, il veillera également à la conservation du Patrimoine namurois.

Ses actions  politiques, patrimoniales, culturelles et littéraires se déroulent dans un contexte historique perturbé et angoissé.

Les Traités de Paix rédigés à l’issue du Premier Conflit Mondial vont contenir les germes de nationalisme et d’extrémisme qui mèneront à la Deuxième Guerre Mondiale.
A la fin des années’20 , des crises boursière,  financière, économique, sociale vont, d’abord,  toucher les Etats-Unis.  La grande « Dépression » va ensuite se répandre en Europe, au début des années’30, puis dans le reste du Monde. Dans ce contexte de crise généralisée, les extrémismes vont trouver un terreau fertile. Les valeurs démocratiques vont, par conséquent, être rejetées et annihilées.  Les réponses nationalistes, xénophobes et racistes proposées par les partis extrémistes vont charmer les citoyens, touchés par le marasme économique.

Les années ’30 s’ouvrent avec la crise économique et se referment avec la guerre. Dix années de tensions sociales et d’affrontements politiques vont mettre à mal la démocratie libérale.
Ces dix années vont être le témoin d’une crise économique sans précédent qui va se traduire par une inéluctable montée des extrêmes . Les réponses politiques à ces crises économiques seront cinglantes, inattendues, radicales. Les extrémismes, de gauche et de droite, s’immisceront dans la vie politique de chaque pays, de manière légale, légitimée par le système électoral avant de dévoiler leur véritable nature autoritaire jusqu’à l’horreur.

Les valeurs démocratiques, si chèrement et fidèlement défendues par François Bovesse, seront bafouées. En Belgique, une ère de terreur, de haine, d’arbitraire instaurée par « l’Ordre Nouveau » voit le jour au mépris des valeurs démocratiques et libérales, au mépris des vies humaines, au mépris de l’Etat de Droit.

François Bovesse va être un témoin de la montée de ces extrémismes. Adversaire farouche de Léon Degrelle, il condamnera les courants extrémistes. Il s’insurgera contre les nationalismes exacerbés vantés par le Rexisme : fascisme italien et nazisme allemand.
Dès 1936, il fera l’objet d’attaques virulentes de la part de ces  Rexistes.
En 1937, il sera nommé Gouverneur de la Province de Namur.

De mai à septembre 1940, comme Haut-Commissaire du Gouvernement belge à Sète (Hérault), il organisera la vie des Belges exilés dans le sud de la France.
A son retour en Belgique, il sera remplacé au poste de Gouverneur, toute activité politique lui sera désormais interdite.

En janvier 1941, il se réinscrit au Barreau de Namur.
En butte aux intimidations de l’occupant allemand et de ses collaborateurs, il est incarcéré pendant 6 mois, en 1942, à la prison de Saint-Gilles.
En 1943, il est pris comme « otage roulant » sur des trains militaires. François Bovesse se savait de plus en plus menacé depuis son retour de France mais il continuera à apporter son soutien sans faille aux Résistants durant la Seconde Guerre Mondiale.
Respectueux du droit légitime, il dénoncera les diverses dispositions prises illégalement par l’occupant.

Modèle d’abnégation et de courage, François Bovesse constitue, donc, un exemple de résistance civile.
Figure emblématique de la Résistance face aux fascismes et aux extrémismes, homme politique de premier plan, défenseur de la cause wallonne, François Bovesse fut lâchement assassiné le 1er février 1944 par des Rexistes.

Les temps changent mais les questions d’hier se posent avec la même acuité à nos contemporains.

La situation que nous connaissons en ce début d’année 2023 est-elle comparable à celle de l’entre-deux-guerres ?
Au premier abord, les années’30 et cette seconde décennie du XXIème siècle présentent des situations similaires :  crise économique, montée du chômage, insatisfaction générale, crise sanitaire , corruptions, méfiance des citoyens à l’égard du monde politique… Ces points communs sont accompagnés d’une résurgence des partis populistes , nationalistes et xénophobes. Les nombreux exemples européens le prouvent : Italie, Hongrie, Suisse, Autriche, Danemark, Norvège, Suède, Pologne mais également Belgique, France, … partout en Europe, l’extrémisme est de retour !
Les autres continents ne sont, du reste, pas épargnés par ces mouvements.

Devons-nous craindre le retour des extrémismes ? Assurément, la réponse à cette question est affirmative.
Toutefois, en 2023, l’extrémisme revêt d’autres aspects parfois plus insidieux.

D’une part, les réseaux sociaux permettent l’adhésion et le partage des idées radicales sans nuance et sans critique historique.
Dans notre société, chacun a le droit  ou se donne le droit de penser, de s’exprimer, d’agir en toute liberté et en toute individualité sans tenir compte de la collectivité.
Les citoyens oublient souvent que les droits dont ils jouissent s’accompagnent également de devoirs à respecter.
L’individualisme croissant justifie le droit au non-respect d’autrui, au racisme, à la xénophobie et à l’extrémisme.

D’autre part, le terrorisme, l’intégrisme et le radicalisme religieux, les crises sanitaires, migratoires, … ont exacerbé les nationalismes.
Oublieux de l’Histoire de leurs propres ancêtres , nos concitoyens acceptent des situations inhumaines et adhèrent à des idées extrêmes racistes et xénophobes.
Toutes ces dérives, au nom de la liberté, sont une porte ouverte au retour des autoritarismes et des totalitarismes.

Est-ce pour en arriver à cette situation que François Bovesse et tant d’autres personnes ont donné leur vie ? Est-ce pour cette conception de la liberté individuelle et ces dérives qu’ils ont lutté et résisté ? Assurément, la réponse est négative !

« Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre » disait Winston Churchill .
En conclusion, l’Education et plus particulièrement l’Education à la Citoyenneté responsable auront des rôles conséquents à jouer dans le futur pour préserver La liberté et la démocratie dans le monde de demain.

Je terminerai, par cette  citation de François Bovesse : « Ce qui demeure quand tout s’écroule, c’est l’âme, c’est l’esprit ».
Souvenons-nous de cet encouragement de François Bovesse contre le défaitisme, contre la tentation du populisme, contre le racisme et contre toutes les dérives de l’extrémisme afin que la pensée de Monsieur Bovesse continue à nous guider et nous inspire dans une société pacifique et  solidaire, respectueuse de chacune et de chacun.

Espérons que les mêmes causes ne produisent pas toujours les mêmes effets …

Merci.

Nathalie TIREUR

 

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